Les Portraits
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Raoul est fasciné par la nature humaine et s'essaye très
jeune au portrait, art ô combien difficile !
Il dessine avec talent sa famille et réalise à la peinture
à l'huile un émouvant portrait de sa mère.
Ses premières commandes sont des portraits d'homme, exposés
à Nancy en 1909. Il gardera l'habitude de les représenter
en buste, considérant sans doute que, chez l'homme, seul le
visage suffit à révéler la personnalité.
Il aime les femmes et les peint toujours avec plaisir, mettant en
valeur leur féminité, leur fragilité ou leur
force de caractère, leur sensualité. En fond, il choisit
une belle étoffe soyeuse, très décorative, souvent
chamarrée et donne à son modèle une pose élégante
et gracieuse.
Le regard illumine la toile, le sourire accroche et si le modèle
est nu, le buste parfait révèle son corps magnifique.
Fin psychologue, il sait instaurer la confiance pour capter toutes
les facettes de la personnalité. Ses portraits sont vivants,
jamais figés et dévoilent l'essentiel.
Les autoportraits
"Quoi de plus évident
pour un peintre que d'utiliser le modèle qu'il a sous la
main : lui-même. Beaucoup de peintres l'ont fait et c'est
pour eux un excellent "exercice de style" si l'on peut
dire !
Façon de se situer dans l'espace, de se révéler
à soi-même, l'auto-portrait nous rapproche de l'artiste
qui se livre et se dévoile, mais son apparence est celle
d'un instant, avec les sentiments et les pensées du moment.
Il est alors fort intéressant d'avoir plusieurs auto-portraits
qui nous aident à le cerner à des moments précis
de sa vie.
Raoul Tonnelier s'est représenté quatre fois (à
notre connaissance) pendant ses études artistiques, préférant
ensuite peindre des portraits de femmes ou d'hommes.Il utilise
pour lui-même le crayon, le fusain ou le pastel ; malgré
sa jeunesse, sa technique est déjà sûre et
évolue même entre 1904 et 1906. |
1904 |
1905 |
1906 |
Raoul Tonnelier
Né le 4 avril 1884 à Nancy, Raoul, négligeant
ses études, s'intéresse très jeune au dessin et
à la peinture. Ses parents l'inscrivent à l'Ecole des
Beaux-Arts, alors que la ville est en pleine effervescence artistique.
Après son service militaire, il part à Paris et fréquente
l'Académie Julian, dans l'atelier Baschet-Royer jusqu'en 1909.
Apprécié de ses professeurs, il reçoit des mentions
pour son travail et les critiques sont bonnes.
Choisissant de peindre d'après nature, il voyage sur la Côte
d'Opale, au Pays basque espagnol, et en Corse dont il rapporte des toiles
influencées par les Fauves.
Sa première exposition a lieu à Nancy , salle Poirel,
en 1910. Il y présente des paysages d'Espagne et des portraits.
En 1911, il expose à Paris, au Salon des Indépendants,
pas moins de six toiles !
C'est la même année qu'il fait la connaissance de Philippe
et Hélène Berthelot qui le prennent en amitié et
l'aideront dans sa carrière de façon significative.
Incorporé en août 1914 au 26ème Régiment
d'Infanterie, il participe à de très durs combats, mais
il est démobilisé en décembre à cause d'une
maladie pulmonaire. Désireux de participer malgré tout
à l'effort de guerre, il va mettre son talent au service de la
France. En 1915, il crée, avec son ami Gustave Alaux, un spectacle
"La Légende de France" qu'ils présenteront pendant
un an.
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Ayant eu de bons amis russes à l'Académie Julian, il
est très intéressé par les événements
tragiques qui secouent la Russie et s'y rend en juillet 1917. Il tombe
en pleine Révolution et rentre, difficilement d'ailleurs, horrifié
par ce qu'il a vu.
A son retour en avril 1918, pour assouvir sa passion des objets d'art,
il peut ouvrir un magasin d'antiquités, grâce à
un coup de chance extraordinaire. Il exercera toujours son métier d'antiquaire en
parallèle avec celui d'artiste-peintre.
Montmartrois pendant vingt ans, il s'intègre parfaitement à
cette vraie vie de village, mais décide un jour de quitter Montmartre
pour Neuilly. Pendant toutes ces années, il expose régulièrement
à la Société Nationale des Beaux-Arts des portraits
et des paysages. Il voyage beaucoup pour s'approvisionner en meubles
et en objets d'art et devient le spécialiste des lustres de Murano.
Venise est sa destination de prédilection, mais il va aussi en
Belgique, en Suisse, et aux Pays-Bas. Pour son plaisir, il visite l'Espagne
et le Maroc où il retrouve son ami de jeunesse, peintre comme
lui, Jacques Majorelle.
Il fait de fréquents séjours à La Tranche-sur-Mer,
chez ses amis Lemerle, dont il raporte des paysages lumineux et colorés.
En 1936, il achète un beau logis Renaissance dans la Vallée
de la Loire, qu'il aménage avec passion. Quatre ans plus tard,
il perd sa femme Adrienne et se remarie en 1943 avec Geneviève
Bouchard-André dont il a un fils François. Il reprend
ses pinceaux pour peindre son environnement ligérien et la Vendée
qu'il aime.
Il meurt à Cunault, le 25 janvier 1953, dans sa maison qu'il
aimait tant.